Du cacao, oui, mais équitable!
C’est toujours dans la région de Mompiche, non loin d’Esmeraldas, que nous avons fait une rencontre forte intéressante. Effectivement, la région d’Esmeraldas, en Equateur, regroupe un grand nombre de producteurs de cacao, mais pas n’importe quel cacao, et pas n’importe quels producteurs non plus !
C’est dans la région d’Esmeraldas, sur la côte nord de l’Equateur, que se trouve la coopérative FONMSOEAM. Cette dernière rassemble 640 producteurs de cacao, répartis en 8 associations différentes (en fonction de leur localisation). La coopérative pratique le commerce équitable via l’entreprise Ethiquable (une entreprise française, basée dans le Gers). Tout le cacao produit par ces différents producteurs est donc destiné au commerce équitable. Ici, s’agissant d’une marque française et bien, ce sont nous les consommateurs potentiels ! La FONMSOEAM a été créée en 2000, puis s’est mise en lien avec l’entreprise Ethiquable, en vue d’une diminution des intermédiaires commerciaux, d’une exportation, et de la production de produits équitables. Les premières exportations ont été possibles à partir de 2009.
Lors de notre volontariat dans la ferme et l’hostel de Cloro, à Mompiche, nous avons eu l’occasion de bien discuter avec lui de notre intérêt pour le chocolat et le commerce équitable. Cloro, qui est né ici même, à Mompiche, connaît un grand nombre de personnes dans la région, ce qui est plutôt chouette pour nous !! Alors après avoir récolté le café dans la matinée, nous partons en sa compagnie dans les champs de cacao du village voisin. Là-bas, nous avons la chance de croiser Gustavo Chasine, à la sortie de son exploitation. Nous nous arrêtons, présentons notre projet, et ce dernier est ravi de nous faire découvrir son domaine agricole et de répondre à toutes nos questions.
Gustavo cultive le cacao depuis les années 89, après avoir récupéré une partie de la ferme de son père, qui lui aussi cultivait le cacao. Gustavo possède aujourd’hui une dizaine d’hectares, sur lesquels il produit du cacao, des bananes, du citron, des fruits de la passion, des oranges, et élève quelques bêtes. Dans le but de produire un cacao avec beaucoup d’arôme, mais aussi de pouvoir produire toute l’année, Gustavo a fait le choix de diversifier sa production. Ainsi, quand ce n’est pas la saison du cacao, il vend des bananes et autres fruits. Il y a une complémentarité entre ses différentes cultures, Gustavo pratique donc l’agroforesterie sans vraiment le savoir, car pour lui, c’est juste une question de bon sens. Ce système d’agroforesterie lui permet aussi d’entretenir et de protéger sa terre naturellement. Ainsi Gustavo n’utilise aucun engrais chimique et respecte la charte biologique d’Ethiquable.
Gustavo produit principalement du cacao « Nacional », reconnaissable par sa cabosse jaune. Ce dernier est le plus recherché, car il est fin, doux et fruité (en particulier dû aux arbres qui l’entourent). En Europe, ce cacao a déjà été mélangé à l’intense cacao africain, pour lui apporter des arômes. Ethiquable utilise principalement ce cacao dans ses produits, afin de proposer un produit de bonne qualité, et de préserver une espèce ancestrale. La récolte de ce cacao s’effectue une fois par an, de juin à octobre. Mais il existe d’autres variétés (de moins bonnes qualités) qui produisent toute l’année, ce qui intéresse fortement les grands producteurs industriels !
Gustavo ne pratique pas la vente directe. Son cacao est uniquement destiné au commerce équitable. Même s’il y a quelques difficultés dans les paiements. Il arrive que le cacao soit payé en retard, donc pas évident pour les paysans de vivre ainsi. Alors que s’ils vendent le cacao directement, ils sont payés de suite, mais moins bien payés. Effectivement, Ethiquable achète le cacao le double de sa valeur. C’est cela qui permet aux paysans de pouvoir vivre dignement. Il est vrai que la région d’Esmeraldas est une des plus pauvres d’Equateur. Les paysans ont en termes d’habitation des cabanes en bois très spartiates.
Comment fait-on pour avoir du cacao ? D’abord, le plant doit avoir 18 mois, pour produire de belles cabosses. Les cabosses sont récoltées à maturité, le fruit est extrait avec sa pulpe. Il part ensuite à la coopérative à Tongiche (village voisin). Là-bas, on le met dans une grande caisse en bois 3 à 4 jours pour la fermentation. Les fèves sont alors mises à sécher au soleil pendant une semaine. Avant d’être empaquetées, un tri des impuretés est effectué, ainsi qu’un test qualité, afin de vérifier le bon processus de fermentation et de séchage. C’est seulement, après toutes ces étapes, que le cacao peut être exporté sec, via le port de Guayaquil. La coopérative exporte aujourd’hui 125 tonnes de cacao par an, soit 1,4 millions de tablettes de chocolat ! Le cacao est ensuite transformé en Europe, et vendu en tablette Ethiquable, que vous trouverez facilement en magasin.
Mais alors quel est l’intérêt de faire du commerce équitable ? Le commerce équitable consiste à proposer des produits de qualité et respectueux de l’environnement. Ici, Ethiquable a même obtenu le label Bio. Mais il consiste aussi à offrir un niveau de vie correct aux paysans, qui sont souvent en difficulté. Pour cela, Ethiquable achète sa marchandise le double de sa valeur. Alors bien sûr, Ethiquable propose des produits plus chers, mais de meilleur qualité, et durable pour notre planète. Ainsi, le commerce équitable est bon pour la planète, pour les producteurs, et pour nous. C’est aussi une façon de lutter contre les lobbies qui auraient pris le contrôle de notre alimentation ! Donc, on achètera peut-être plus qu’une tablette au lieu de deux, mais ce sera une bonne tablette !