20 mille Bleus sous les mers
Nous revoilà après une grande pause informatique !! Nous sommes arrivés en Polynésie en octobre, et on est bientôt mars, nous y sommes encore !! Alors, on n’a pas mal de choses à vous raconter sur ce joli coin de la planète. C’est certainement le dépaysement qui nous a fait couper les ponts avec notre page Facebook et notre site… Mais il n’empêche qu’il faut reprendre du service !! Et oui, on décolle la semaine prochaine pour l’Amérique du Sud, destination Santiago. Alors avant de partir, on vous fait un briefing polynésien !
Après nos basses températures en Nouvelle-Zélande, nous arrivons sur le sol de Tahiti. La température est agréable, sans pour autant nous faire transpirer comme des dingues. En revanche aujourd’hui, on est en février et là, on peut dire que quand il ne pleut pas, on transpire à grosses gouttes !! Et oui nous sommes arrivés avant la saison chaude aussi appelée saison des pluies et de l’abondance. Les pluies ont démarré en décembre, mais heureusement il ne pleut pas tous les jours et nous avons encore été chanceux avec le temps vous pourrez le constater avec les photos!
Petit point info sur la Polynésie : l’ensemble des îles rassemblées ne feraient que la moitié de la Corse, et pourtant ces îles sont éparpillées sur des distances équivalentes à celles de l’Europe ! On trouve 280 000 habitants en Polynésie, dont 180 000 vivent à Tahiti. Il y a des îles basses (atolls, volcan sous l’eau) et des îles hautes (volcan encore hors de l’eau), qui sont toutes les deux issues d’une éruption volcanique à partir d’un point chaud. Ainsi, en fonction de l’âge des îles, on trouve des paysages bien différents. Il y a cinq archipels en Polynésie : l’archipel de la Société, l’archipel des Tuamotu, l’archipel des Marquises, l’archipel des Gambier et l’archipel des Australes. Nous nous sommes cantonnés aux archipels de la Société et des Tuamotu ce qui n’est déjà pas mal. On en garde sous le coude pour un prochain voyage !!
Premier aperçu : les îles de la Société, nous sommes arrivés à Tahiti, nous avons ensuite passé deux mois à Moorea. Puis nous sommes partis en vadrouille à bord du bateau cargo l’Hawaiki nui qui dessert les îles deux fois par semaine. Les îles de la Société sont toutes différentes et en même temps un peu similaires. Tout d’abord ce sont des îles hautes, donc qui possèdent des ou une montagne(s). Elles sont entourées d’un lagon toujours avec des couleurs magnifiques (certaines îles sont plus gâtées que d’autres). C’est surtout la taille de ces îles qui varient et leur forme. Certaines vont être plus sauvages, d’autres plus touristiques, et d’autres plus reculées. On vous laisse en juger avec ces quelques photos.
Second aperçu : les îles de Tuamotu. A l’inverse il s’agit d’îles basses, c’est-à-dire que le volcan qui les a jadis fait naître est aujourd’hui enseveli sous la mer. Il ne reste aujourd’hui que le récif corallien qui s’est formé au fur et à mesure comme barrière protectrice. C’est comme ça qu’on obtient des atolls J Les paysages sont donc totalement différents des îles de la Société (sauf pour l’atoll de Tetiaroa proche de Tahiti). Aux Tuamotu, c’est vraiment la carte postale de la Polynésie, le lagon qui passe par toutes les teintes de bleus, des cocotiers sur les plages de sable blanc, des motu (îlots) paradisiaques dispatchés un peu partout, une vie tranquille avec un seul axe routier. Alors oui, c’est le paradis pour quelques jours de vacances, mais la vie n’y est pas faite pour tout le monde. En effet, les Tuamotu restent des îles perdues au milieu du Pacifique. C’est la vie rêvée pour les pêcheurs !!
C’est avec grand plaisir que nous avons retrouvé les joies de l’alimentation. Ici, les gens aiment manger, et ils apprécient partager les repas. Ici, on appelle ça le mahaa (repas). Le mahaa tahitien est le repas traditionnel, souvent partagé en famille le dimanche. Il s’agit de différents plats locaux : poulet fafa (aux épinards), poulpe au lait de coco, pua roti (cochon), poisson cru au lait de coco, fafaru (poisson cru dans de l’eau de mer fermentée), uru ou fruit de l’arbre à pain, tarot, manioc, et cie. Ces plats sont préparés et cuits dans un four tahitien. Le four tahitien est un trou dans le sol plus ou moins bien aménagé en fonction de la régularité des mahaa. Dans un premier temps, il faut faire un feu, puis disposer des pierres volcaniques dessus, permettant de conserver la chaleur, les plats emballés dans des feuilles de bananiers sont disposés dessus, puis il faut recouvrir de feuilles de bananiers et de terre afin de fermer le trou hermétiquement. La cuisson dure en général une nuit. En Polynésie, le poisson se mange à toutes les sauces : cru, mi cuit, fermenté, en sashimi, carpaccio, tartare, grillé au barbecue, un vrai régal. Malheureusement avec l’influence des Etats-Unis, la malbouffe a fait son apparition, et plutôt que d’aller à la pêche chercher son poisson, ou cueillir des fruits (qui poussent ici à foison), certains polynésiens se laissent aller dans la consommation. Le problème, c’est que de nombreuses personnes sont aujourd’hui en surpoids.
Lors de la période de colonisation, Tahiti connut une monarchie sous le règne de la famille Pomare, des années 1800 à 1934. La Polynésie est depuis 2004 un POM (Pays d’Outre-Mer). C’est-à-dire qu’elle a son propre gouvernement. Ce gouvernement interne a pu être mis en place à partir de 1984. Ce gouvernement leur permet une certaine indépendance. C’est aujourd’hui Edouard Fritch le président de la Polynésie française. La Polynésie a connu des essais nucléaires sur l’atoll de Mururoa. Ces derniers ont été dévastateurs, et ont grandement marqué les esprits des polynésiens. La Polynésie a aujourd’hui de nombreuses subventions « à cause ou grâce » à ces essais nucléaires. Les subventions françaises permettent une certaine stabilité de l’économie locale. En effet, la Polynésie n’a pas de réelles ressources naturelles sur lesquelles elle pourrait baser son économie. Bien sûr, il ne faut pas oublier le commerce de la perle de Tahiti et le tourisme, mais ces revenus seraient trop insuffisants pour assurer la vie du pays. Mais le débat est toujours d’actualité pour ou contre l’indépendance.
Nous avons été ravis de rencontrer les polynésiens. Ils sont gentils, très accueillants, et surtout très souriants. Chacun se salue dans la rue « Ia Ora Na », accompagné d’un grand sourire. Pendant notre périple dans les îles, nous avons été surpris de la facilité à rentrer dans les familles. Nous avons été reçus à bras ouverts. Les Polynésiens sont toujours ravis de partager des moments avec de nouvelles personnes. Surtout, ils aiment partager leur savoir et leur culture. C’est ainsi que nous repartons avec des tas de recettes et de nombreux souvenirs de pêche ! Nous sommes aussi devenus presque incollable sur les arbres fruitiers tropicaux ! La philosophie de vie est typiquement îlienne, on est détendu et il n’y a jamais de problème, ou bien, il y a toujours une solution ! Petit bémol, les polynésiens aiment quand même bien se plaindre sur le coût de la vie. Ce qu’ils oublient souvent, c’est que leurs salaires sont plus élevés qu’en France et qu’il n’y a pas d’impôts. Alors oui le fromage est cher, mais tout simplement parce qu’il n’est pas local. En revanche, les ananas et autres fruits, ne coûtent vraiment rien. Il faut donc penser local (comme chez nous d’ailleurs !).
D’ailleurs, en parlant de fruits, il faut dire que la Polynésie est gâtée. On trouve des arbres fruitiers partout et à toutes saisons. Les Tuamotu étant des atolls, ils ont une terre moins fertile et donc moins de fruits, c’est normal. Mais dans les îles de la société, on trouve de tout : bananes, arbre à pain, manguiers, pamplemoussiers, avocatiers, ramboutans, litchis, quenettes, corossols, fruits de la passion, mangoustan, pomme cannelle, et bien d’autres. Nous étions en Polynésie durant la période d’abondance, ce qui veut beaucoup de poissons et beaucoup de fruits ! Lors de nos balades dans les îles, notre plus grand plaisir était de ramasser les fruits directement sur l’arbre. D’ailleurs, nous y étions encouragés par les locaux. Et oui ça pousse tellement, et ça va si vite, qu’il ne faut pas gaspiller alors quand on a faim, il faut se servir, c’est l’abondance ! A Maupiti nous avons été surpris de l’odeur de fermentation qui régnait sur une grande partie de l’île, les manguiers avaient tellement donné qu’il y en avait pleins les routes en train de pourrir.
Au niveau de la faune, la Polynésie est gâtée aussi. Sur terre, on trouve peu d’espèces animales : chats, chiens, rats, crabes, oiseaux, cent pieds, margouillats ou geckos, quelques vaches et encore moins de chevaux (sauf aux Marquises). En effet d’après l’histoire malgré un bon nombre de navigateurs passés par ici, peu d’espèces animales ont été introduites. En revanche sous l’eau, il y a un sacré nombre de choses à voir. La Polynésie est le premier sanctuaire de requins au monde. C’est vrai que ça devient presque banal d’observer une pointe noire au bord du lagon ! On peut voir de nombreuses espèces : requin citron, requin pointe blanche, requin pointe noire, requin marteau, requin tigre, requin baleine, requin dormeur, requin gris, et j’en oublie sûrement. A part les requins, il y a aussi : des baleines (de juin à novembre), des orques, des dauphins, des tortues, des thons, des espadons, des dorades coryphènes (mahi mahi), des raies (léopards, mantas, pastenagues), des carrangues, et bien d’autres espèces de poissons tropicaux comme le poisson pierre. Un des animaux que j’allais oublier, c’est le corail ! Il est vital à la survie des îles de Polynésie, c’est lui qui forme le lagon et permet une barrière protectrice. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut en prendre soin.
Pour finir, je voulais parler religion. En Polynésie, la religion est très importante, et elle prend une grande place dans la vie de tous les jours. La religion principale est le christianisme, mais elle se divise en multiples courants. On va trouver : les protestants, les catholiques, les mormons, les adventistes, les évangélistes, et les témoins de Jéhovah. Ce qui est étonnant, c’est que dans une même famille chacun peut pratiquer la religion qu’il souhaite. Bien sûr, cela engendre quelques débats, mais ils se tolèrent. Les questions de religions ne sont absolument pas taboues. Les Polynésiens aiment en parler et échanger leur point de vue. On trouve de nombreux temples et églises partout en Polynésie. Nous avons eu la curiosité d’aller assister à une messe dans une église protestante, puis dans une église catholique. Nous avons constaté que les gens y vont toujours bien habillés (souvent vêtus de blanc), avec un chapeau pour les jours de fête. Et ça chante vraiment bien ! Les chants sont en tahitien et parfois en latin, et c’est plus dynamique que chez nous. L’ambiance est assez conviviale voir presque festive (mais dans les limites du raisonnables !).
La Polynésie est vraiment un très bel endroit perdu au milieu du Pacifique. Même si c’est à l’opposé de la France, ça culture, ses paysages, et sa population méritent le détour.
Nana !